Le shamstep, c’est comme ça qu’ils ont baptisé leur style, dans un clip vu plus de 7 millions de fois sur Youtube. 47Soul s’inspire directement de la Dabke, cette musique qui anime les mariages et autres festivités au Proche-Orient. Sauf que chez eux, ce sont les synthés qui reconstituent le son des instruments à vent traditionnels. Tarek Abu Kwaik, alias El Fareï, un des quatre membres du quatuor palestinien.
« L’un d’entre nous, Wala Sbeït est danseur de dabke. Mais ce qui nous intéresse surtout, ce sont les sons qui font la Dabke, explique-t-il. Tous ces instruments à vent comme le Mejwez, la flûte à deux hanches, caractéristiques de la musique au Proche-Orient, on recrée ces sons sur synthétiseurs, et on retrouve le groove de la dabke, tout en chantant façon ragga ou hip-hop par exemple, pour créer des ponts entre les genres. »
Créer des ponts, c’est toute l’histoire de 47Soul. Deux de ces artistes palestiniens ont grandi en Jordanie, le troisième aux États-Unis, et le quatrième vivait à Haïfa en Israël quand la connexion entre eux a commencé à s’établir, grâce aux réseaux sociaux.
« J’aime dire qu’on remercie internet, quand la musique arabe alternative a commencé à se faire connaître sur internet, on a pu entendre ce que faisaient d’autres artistes ailleurs. Donc nous quatre, on a pu voir des vidéos de ce qu’on faisait les uns les autres, on a commencé des collaborations, c’est comme ça que le groupe est né. »
Un premier concert les réunit à Amman, capitale de la Jordanie. Dans la foulée, en 2014, ils décident de s’installer et de créer ensemble à Londres, où ils baptisent leur groupe 47Soul, l’âme de 47 en français.
« C’est une référence à l’année 1947, et la partition de la Palestine. Avant cela on pouvait voyager librement dans tout le Levant, du Liban à la Syrie en passant par la Palestine et la Jordanie. Et pour nous c’est tout un symbole, alors que la jeunesse arabe aujourd’hui est séparée par des frontières : il nous faut nous reconnecter. ».
Alors en arabe comme en anglais, les paroles de 47Soul portent un message politique, pour la liberté de circuler au Proche-Orient, pour l’égalité. « Les checkpoints, les frontières, l’occupation, tout ça fait partie de notre réalité, alors on ne peut pas en faire abstraction dans nos chansons, une chanson d’amour, pour nous, ça doit forcément mentionner les difficultés que deux personnes peuvent rencontrer au quotidien en Palestine, mais ça, c’est pour les paroles, notre musique, elle, est là pour faire danser », affirme Tarek Abu Kwaik.
Ils sont en ce moment en Allemagne. Puis ce sera le Portugal et retour à Paris pour un concert le 18 octobre dans le cadre du Mama Festival.
Photo : Le quatuor palestinien 47 Soul. Victor Frankowski